Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profondément. Il y avait autour de sa beauté une auréole de fanatique recueillement.

— Tout cela est à moi ! prononça-t-elle avec lenteur d’une voix que les autres ne lui connaissaient pas.

La clé grinça dans la serrure.

Chacun de ceux qui étaient là répétait en lui-même :

— Tout cela est à moi !

Le même délire affolait toutes les têtes.

Marguerite dit encore :

— Je ne veux rien partager.

Samuel brandit son pistolet d’un geste extravagant.

— Pas de partage ! s’écria-t-il.

— Tout au dernier vivant ! acclama le prince, dont les lèvres avaient de l’écume.

La grille s’ouvrit.

Ils se ruèrent aussitôt sur la caisse ou plutôt les uns contre les autres, saisis d’une frénésie aveugle, essayant de prendre et de frapper à la fois.

Mais la serrure, en jouant, avait produit un bruit faible et sec semblable à celui que rendait autrefois la batterie des fusils à pierre. Une lueur se fit à l’intérieur du coffre, éclairant le panneau du fond où des lettres blanches, jusqu’alors invisibles, ressortirent sur le noir.

Les lettres disaient : Mes chéris, j’emporte mes pe-