Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme Canada se mit à rire et lui tendit la main.

— Bêta, que tu es ! murmura-t-elle ; je crois que je te pardonnerais quand même tu aurais commis un péché plus gros que la maison ! T’es trop simple !

Échalot continua :

— Ça n’a l’air de rien, cette histoire-là, mais ça a causé la perte d’un jeune homme.

J’allais tous les deux ou trois jours chez le cavalier Mora qui me donnait la pièce moyennant que je lui racontais les bavardages incohérents de Similor.

Il me faisait faire aussi des commissions quand la manigance exigeait de l’adresse et de la rouerie. Quoique tu me regardes approchant comme un dindon, je les enfonçais tous pour la poule là-bas, à l’estaminet de l’Épi-Scié, en même temps que je leur soutirais leurs secrets les plus intimes avec mon astuce. C’est pas l’embarras, il n’en ont plus qu’un de secret : la chose de remuer ciel et terre pour trouver le trou où ce malin vieux singe de colonel a caché le trésor.

— C’est donc bien sûr qu’il y a un trésor ? demanda la dompteuse.

— Aussi sûr que le voisin Mora en sait plus long que la terre entière à cet égard-là. Similor dit que le colonel, avant de mourir avait avalé le papier où était couché le grand secret. Il y a eu des voyages