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— Je ne serai pas vengé ; s’il reste pauvre, il pourra aimer son fils, et son fils l’aimera…

Il se tut.

La lampe éclairait deux cadavres.

Une heure s’écoula. Il faisait grand jour au dehors. Paris éveillé rendait ce murmure large et profond qui est comme le souffle de la monstrueuse cité.

Mais Paris ne savait pas l’histoire de la dernière heure. Il passait, insouciant, autour de la mare de sang qui rougissait le dénouement de ce drame-apologue.

Paris, du reste, a-t-il besoin de voir en action la morale de cette sinistre fable : la malédiction de l’or ! N’assiste-t-il pas tous les jours à quelque tragédie publique ou privée dont chaque larme, dont chaque goutte de sang crie ou râle : « L’argent tue, l’argent damne ! »

Il y a un proverbe qui excite le sourire, un adage décrépit qui radote depuis le commencement du monde : La richesse ne fait pas le bonheur.

Ni l’honneur, ajouterons-nous.

Et ce ne sera pas assez dire. L’argent fait le malheur et la honte.

Dans les jours prospères, de semblables paroles soulèvent les épaules de la foule. On les relègue au grenier des lieux-communs démodés.