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quand j’ai essayé de vous tuer, je savais que vous étiez mon fils. Chez nous, c’est le droit du sang. J’ai tué mon aïeul qui avait tué mon père et mon frère.

Vincent râlait, mais il écoutait. Irène elle-même prêtait l’oreille, oppressée qu’elle était par une indicible terreur.

Le comte Julian dit encore en s’adressant à elle :

— Jeune fille, je te hais parce que tu l’aimes. Le fils que tu lui donneras sera ma vengeance.

Il faiblissait. Son sang coulait à flots. Sa main quitta sa blessure pour écarter ses vêtements. Elle reparut tenant une clé ciselée.

— Reynier, la reconnais-tu ? s’écria Vincent retrouvant un éclair de force au fond de sa passion. C’est celle qui était dans le tableau ! c’est la clé du Trésor. Prends-la, fils, prends-la ! et ouvre la caisse si tu m’aimes ! Je veux mourir en contemplant le Trésor. Le trésor, le trésor, le trésor !

Le comte Julian tendait la clé à Reynier.

— C’est la clé du trésor, répéta-t-il, et le trésor est là.

De sa main il montrait la caisse.

— Prends ! mais prends donc ! râlait Vincent. C’est à toi ! c’est à toi ! Prends, ou je te maudis !

Reynier, machinalement avança la main, mais Irène, bondissant sur ses pieds, saisit la clé qu’elle jeta au loin.