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Le jeune peintre était debout sur la brèche, pâle, les habits en désordre et les cheveux épars.

Pas une parole ne fut dite.

Le comte Julian mit son stylet en arrêt, selon l’art napolitain, et visa Reynier au cœur.

Mais le poignard ne frappa que le vide, parce que Reynier avait aperçu le pic, gisant sur les dalles de la cachette, et qu’il s’était baissé pour le saisir.

Le pic s’éleva, brandi à deux mains. On entendit le bruit horrible qu’il fit en déchirant les chairs du comte Julian.

Celui-ci s’affaissa auprès de Vincent, sur ses genoux, où il resta dressé malgré l’épouvantable profondeur de la blessure.

Irène, qui venait de franchir le seuil, s’était précipitée sur son père qui résistait à ses soins et balbutiait, en proie au suprême délire :

— Laisse-moi ! Dis à Reynier qu’il crève la caisse ! Je veux voir le trésor avant de mourir ! je le veux, je le veux, je le veux !

Reynier, lui, restait pétrifié, comme s’il eut été touché par la foudre.

Le comte Julian lui dit à voix basse, mais distinctement :

— Salut, mon fils, vous avez accompli notre loi !

— Vous ! balbutia Reynier. Mon père !…

— Vous le saviez, répliqua Julian. Moi de même ;