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Ce tableau se représenta si vivement à l’esprit de Vincent Carpentier, qu’il y eut en lui comme un ressentiment de sa propre agonie. Un poids glacé lui écrasa le cœur, et tout son corps fut parcouru par un grand frisson.

Cependant, il n’hésita pas une seule minute. Après s’être orienté, il traça sur le mur, avec la pointe de son pic, quatre lignes formant un carré.

Cela fait il prêta l’oreille. Aucun bruit ne venait de la rue, et la maison semblait morte.

Son visage exprimait une sorte de recueillement religieux.

— Les alchimistes étaient des fous, prononça-t-il avec une exaltation contenue, moi, j’ai cherché, j’ai trouvé l’âme du monde. Six pouces de pierre me séparent seuls du Grand-Œuvre !

Il leva son pic à deux mains en ajoutant :

— Je vais déchirer cela comme une feuille de papier !

Et, par le fait, le premier choc de son fer enleva un énorme éclat de pierre.

On eût dit, en vérité, un coup porté par la main d’un géant.

Au fond du vide laissé par l’éclat enlevé, et figurant un entonnoir très évasé, on voyait un petit trou rond de la largeur d’une lentille : du premier coup le pic avait percé la pierre d’outre en outre.