Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vincent laissa tomber son pic et ramassa un gros pavé, pensant :

— Je ne verrai pas leur sang.

Ce fut sa seule réflexion. Il n’aurait pas eu le temps de concevoir ni de formuler une autre idée. Roblot et Piquepuce arrivaient au pas de course.

Le passage, ménagé aux piétons par les ouvriers de la voirie, était entre le barrage municipal et l’échoppe.

— Tiens, fit Roblot qui tourna en rasant le mur, on ne le voit plus. Il a dû galoper ferme pour être déjà dans la rue de la Verrerie.

— Es-tu bien sûr qu’il ait pris par ici ? demanda Piquepuce.

Ce fut la dernière parole prononcée.

Vincent Carpentier, qui tenait le pavé serré convulsivement contre sa poitrine, l’éleva au-dessus de sa tête et le lança avec une force terrible…

Sa gorge rendit un sourd rauquement.

Cela fit comme un boulet de canon. Les deux hommes furent culbutés avec une irrésistible violence, savoir Roblot, tué raide par le pavé qui lui avait écrasé le flanc, Piquepuce, touché seulement par le contre-coup, mais de telle sorte qu’il alla loin gisant et privé de tout sentiment.

Vincent reprit son pic et poursuivit sa route sans même regarder derrière lui. Il se carrait en mar-