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revers de sa redingote. Aux lueurs du réverbère voisin quelque chose brilla entre les doigts de l’ancien valet.

— Tiens ! fit Piquepuce, un stylet de Naples ! Tu sais jouer de ça, toi ?

— Je l’ai acheté à Giovan-Battista, répondit Roblot, avec la manière de s’en servir. Si je touche, je l’éclope, si je manque, il ne s’apercevra même pas du coup de temps.

Piquepuce pensa :

— Si tu manques, je t’assomme, et comme ça, nous ne serons toujours que deux.

C’était un sage.

Roblot avait déjà fourni une longue course, mais il était solide et en quelques enjambées il se rapprocha de Cocotte si lestement que celui-ci n’entendit pas le bruit de son pas sur le pavé.

Ayant raccourci la distance à la mesure qui lui parut convenable, Roblot s’arrêta court, visa et lança son couteau. Cocotte blessé, laissa échapper un cri et tomba sur ses genoux. Le stylet s’était planté dans son jarret par derrière.

Roblot passa auprès de lui comme un trait. Piquepuce qui suivait cria hypocritement :

— Arrête, coquin ! je t’atteindrai ! Je vengerai mon malheureux ami !

Et ils disparurent tous deux au tournant de la rue. Cocotte essaya de se relever, mais il ne put. Il était