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Dans l’intérieur de Paris, comme c’était alors la coutume, un tiers des réverbères restait allumé. Cela suffisait à rendre les ténèbres visibles.

De temps en temps, Vincent Carpentier se retournait. En arrivant à l’embouchure de la rue Saint-Antoine, il regarda ainsi derrière lui.

Les points noirs qu’il avait aperçus dans les terrains de la Folie-Régnault étaient là, le suivant évidemment à distance et figurant assez bien des tirailleurs disséminés sur un champ de manœuvre.

Aucun d’eux ne dépassait encore la colonne de Juillet.

Vincent n’avait pas à s’y tromper. C’était avec les yeux de l’esprit, sinon avec ceux du corps, qu’il reconnaissait ses ennemis. Lors de son passage à travers la place, il n’y avait personne ; maintenant qu’il était passé, les ombres semblaient sortir de terre. Un enfant aurait tiré la conséquence de ce symptôme.

Vincent n’éprouva rien qui ressemblât à de la peur. Il essaya de compter les têtes de limiers composant la meute et ne put. Ce qu’il éprouvait, c’était de l’irritation contre ces malheureux nourrissant la pensée extravagante de l’arrêter, lui, l’homme du destin.

Pendant qu’il regardait, un mouvement de concentration se fit parmi les Compagnons du Trésor. Ce fut comme si un ordre mystérieux les eût appe-