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Au coude de la rue des Partants, tombant dans la rue des Amandiers hors barrière, les oreilles de Vincent furent frappées tout à coup par une rumeur qui semblait très voisine, mais dont la source restait invisible. C’est un bruit de voix qui causaient et riaient.

Dans la rue des Amandiers, toutes les devantures étaient closes. Selon l’usage municipal d’alors, on n’avait pas allumé les réverbères à cause de la lune qui avait brillé une partie de la nuit. L’obscurité empêchait de voir l’enseigne du Grand-Départ dont les volets fermés laissaient passer des bruits de cabaret.

Quelques ombres se mouvaient à l’entrée de l’allée étroite qui était l’accès particulier des cabinets de société. Vincent passa franc, mais ses doigts serraient le manche de son pic. Une sorte de raisonnement perçait la brume de sa pensée, il ne songea même pas à s’enquérir auprès de ceux-là.

Mais à quelques mètres plus loin, et tout près du boulevard extérieur une autre ombre se montra dans le noir d’une allée borgne. C’était une femme. En voyant approcher Vincent, elle sortit de son abri comme pour le reconnaître, mais au même instant quelque chose d’extraordinaire se passa.

Deux hommes sortirent de l’allée derrière elle. L’un d’eux la saisit à bras-le-corps, l’autre lui appuya la main sur la bouche pour l’empêcher de crier,