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Vincent s’occupait assez peu de ce qui se passait au-dessus de lui. Son attention était excitée par une masse sombre et vaguement mouvante qui tenait l’angle du jardin, juste auprès du mur.

Au milieu de cette masse, il lui semblait qu’une rouge étincelle brillait et s’éteignait tour à tour.

Ces mots tombèrent de la fenêtre, prononcés par le jaloux Piquepuce :

— Roblot et ses hommes sont dans le jardin…

Ces mots arrêtèrent Vincent à l’instant où il mesurait déjà la hauteur du saut.

En même temps, ces autres paroles, prononcées avec une colère contenue, montèrent de l’angle où était la masse sombre :

— Éteins ta pipe, Malou, ou je t’écrase !

Vincent Carpentier se recula.

Un bruit assez fort releva ses yeux vers la fenêtre, d’où certes il ne se doutait pas qu’un pistolet venait de le tenir en joue.

Sur la façade noire du pavillon Gaillaud il vit un objet se mouvoir en suivant la ligne du plomb.

C’était du feu qui bouillait dans les veines de Vincent, son pouls battait la fièvre chaude, mais ses mouvements gardaient une remarquable précision, et, ce qui n’est pas rare, sa folie se comportait avec un sang froid imperturbable.