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sibles, et dont le moindre choc réveillait l’angoisse à la fois mortelle et voluptueuse de son cœur.

Car s’il avait vu de près le martyre, cette nuit-là il avait vu aussi, de près, le trésor.

Et le trésor lui avait parlé bien plus haut que le martyre.

Parmi ces cicatrices, il y en avait une qui vivait à toute fraîche, c’était le ressentiment aigu de l’agonie qui l’avait étranglé pendant que le comte Julian forçait la serrure de la chambre du Trésor.

Il était étendu, lui, Vincent, inerte sur le plancher, et garrotté de tous ses membres, pendant que son rival, le parricide, usait le dernier obstacle qui le séparait du Trésor.

Bien des fois, endormi ou éveillé, Vincent avait entendu ce lent travail du fer tâtant et caressant l’intérieur de la serrure.

Et il avait senti, oui, senti autour de ses poignets meurtris par les cordes, le tremblant effort du vieillard condamné, qui essayait de lui délier les mains pour se créer un défenseur.

En ce moment, ce qui glaçait le sang dans ses veines, c’était encore cette impression soudainement avivée. Il entendait le fer travailler dans la serrure, et la plaie de son souvenir avait de cuisants élancements.