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où le maniaque, au lieu de bras, se sent des ailes ; il lui semblait qu’il allait se laisser couler le long du plomb, comme, les champions des joutes populaires glissent du haut en bas du mât de cocagne.

Seulement, il n’y avait plus de bouton à la fenêtre et sa main qui tâtait le montant avec fièvre n’y trouva prise nulle part.

Un rugissement s’étouffa dans sa gorge. Ce misérable contre-temps refermait la muraille ouverte de sa prison, et notez que, dans son délire qui montait toujours, il n’avait plus qu’un pas à faire, une main à tendre, pour se saisir du trésor.

Le trésor était là, il le voyait.

— Du calme ! du calme !

Son cœur sautait dans sa poitrine, et de larges éblouissements passaient devant ses yeux.

On ne parlait plus dans la chambre Canada, mais une sorte de grattement avait lieu. C’est à peine si Vincent Carpentier pouvait saisir ce bruit, qui était très faible et pourtant son cœur s’arrêta de battre.

Il avait dans sa mémoire de grandes souffrances et de terribles épreuves, mais la plus poignante de toutes ces impressions était sans contredit le souvenir de la nuit où, sous le coup de la même passion qu’aujourd’hui, il avait franchi le mur de l’hôtel Bozzo pour faire le siège du trésor.

Chacune des tortures de cette nuit atroce avait laissé en lui des cicatrices indélébiles, toujours sen-