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trésor est un trésor, je ne l’aime que comme cela : une montagne de richesses sous le poids de laquelle on ploie, une mer où l’on se baigne….

Il tâta la croisée doucement. Le bois, rugueux au toucher, lui sembla vermoulu. Ce fut avec une gaîté fanfaronne qu’il entama sa besogne, pensant :

— Voilà déjà du temps que je n’ai travaillé de mon état ; mais c’est égal, ça ne va pas peser lourd !

Le premier clou s’était courbé sous le marteau en touchant la ferrure centrale de la croisée ; il tenait peu ; Vincent qui était nous le savons, un ouvrier très adroit, n’eut pas de mal à le détacher.

Mais le second était enfoncé de telle sorte que la tête en disparaissait presque dans le bois. Impossible de mordre, il n’y avait aucune espèce de prise.

En ce moment, Reynier et Irène étaient déjà seuls de l’autre côté de la porte. C’est à peine si le bruit de leur entretien intime parvenait aux oreilles de Vincent, occupé à user le bois tout autour de la tête de son clou. Il n’y avait pas encore en lui de colère excitée. Les deux voix murmurantes perçaient sa pensée qui tournait toujours dans le même cercle. Il se disait, souriant orgueilleusement :

— Je n’aurais qu’à vouloir pour leur donner le luxe, l’éclat, le pouvoir, la gloire même, tout ce qui s’achète. Et tout s’achète ! Reynier serait un beau