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piré sous tes yeux par la honte et la douleur, si je n’avais pas espéré que mes explications finiraient par ravoir ton suffrage. Je ne peux pas t’en dire bien long sur le cavalier Mora, dont la position sociale est pour moi un mystère. Il mène la vie d’une demoiselle, n’ayant aucun défaut de fumer, de priser, ni en fait de boisson. Son élocution n’est pas bavarde ; il a un petit accent auvergnat, rapport à son origine qu’est l’Italie. Ce n’est pas cossu, chez lui ; mais il paye bien.

Il a pour seule débauche de faire l’œil avec la petite voisine, la brodeuse : je lèverais la main que c’est en tout bien tout honneur. Et ils ont bien de la commodité pour s’entr’échanger des œillades, mélangées de petits bonjours avec mines et risettes, à cause que leurs croisées se regardent…

— Mauvaise figure ! murmura la dompteuse qui semblait rêver.

— Plaît-il ! fit Échalot. Moi, je le trouve bel homme tout plein.

— Je dis, répliqua l’ancienne maman Léo, qu’il y a bien de la souffrance sur le joli visage de cette pauvre mademoiselle Irène.

— Dam ! observa Échalot, elle est folle du patron, et paraît qu’il y a des obstacles au mariage…

— Tu parlais d’un fiancé ? interrompit encore la dompteuse ; c’est un autre ?