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attachait les châssis à la muraille ne présagèrent aucun bon succès. Tout autre que lui eût été découragé par la difficulté d’un pareil travail qui devait être exécuté sans bruit.

Les clous étaient énormes, on les avait martelés à outrance, leurs têtes écrasées ne présentaient aucune prise.

Et Vincent n’avait d’autre outil que son couteau de poche.

Mais il y a quelque chose de plus dur que le fer d’un instrument, c’est la volonté d’un homme. Quand Vincent avait franchi le seuil du réduit qu’on accordait comme lieu de repos à sa lassitude, sa poitrine avait été débarrassée d’un poids écrasant.

D’avance il se sentait libre, puisque l’œil de ses enfants n’était plus sur lui.

En ce moment, ses vrais ennemis n’étaient pas ceux qui menaçaient sa vie.

Il redoutait surtout ceux qui entravaient ses mouvements sous prétexte de salut.

Derrière l’apparente apathie qui penchait sa tête sur sa poitrine, il y avait une tempête de passions. Son idée fixe, ravivée avec une violence inouïe, s’agitait au-dedans de lui, comme le démon qui tourmentait les possédés du vieux temps. C’était de l’or liquide qui bouillait dans ses veines. Devant ses yeux le trésor miroitait et dansait parmi d’ardents éblouissements.