Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pardon l’avait possédée, tout à l’heure, à ce point qu’il n’y avait plus rien autre en elle.

Certes, elle n’avait pas oublié le danger de son père, mais un instant ce danger s’était éloigné pour elle et reculé au rang des choses qui se peuvent remettre au lendemain.

Elle s’était dit : le sommeil va le prendre.

Mais, maintenant, elle devinait la ruse de Vincent Carpentier, chez qui la passion avait été plus forte que son épuisement même. Elle devinait chacun de ses efforts ; elle suivait son labeur ; elle le voyait à travers les planches de la porte aux prises avec l’implacable obsession de son idée fixe.

Les paroles prononcées par Vincent et qui semblaient être d’un fou, revenaient à sa mémoire avec un sens précis qui naguère lui avait échappé. Vincent avait dit vingt fois, cent fois peut-être : — Cette nuit, j’ai mon ouvrage !

Irène savait de quel ouvrage son père parlait.

En ce moment, Irène en était sûre ; son père travaillait pour aller au Trésor.

La hauteur de la croisée au-dessus du sol des jardins lui importait peu. Dans l’état mental qu’il subissait, on ne mesure pas les obstacles. Les fous ont toujours des ailes.

Il s’était attaqué au châssis en prenant d’abord de minutieuses précautions pour étouffer le bruit de sa