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Cocotte « donna le tour » et le pêne sauta hors de la gâche.

Au moment où la porte fut ouverte, Reynier était debout, à trois pas du seuil, un pistolet dans chaque main. Son intention formelle était de faire feu, non pas seulement pour se défendre, mais encore pour mettre le voisinage sur pied tout d’un temps et amener du secours.

Que ce moyen fût bon ou mauvais, c’était le seul : Reynier n’avait pas le choix.

Et pourtant, ses deux pistolets restèrent muets, parce que son premier regard chercha en vain l’ennemi qu’il devait ajuster.

Quelque chose de bizarre et de grotesque à la fois se présentait à lui. Cela rappelait la terrible naïveté des ruses de guerre antiques, et il n’y avait qu’un homme affolé par l’épouvante qui pût s’attaquer à l’énorme mannequin qui encombra d’abord le seuil.

Or, Reynier était l’intrépidité même. Il attendit.

Le mannequin se montrait de dos et marchait à reculons.

Ses bras disparaissaient, croisés qu’ils étaient sur son ventre qu’on ne voyait pas, ses cheveux longs, mais crépus, tombaient jusqu’au collet de sa redingote, découvrant seulement une ligne noire, qui devait être la nuque. De la nuque aux pieds, la