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On parlait bas sur le palier ; mais, en l’absence de tout autre bruit, les paroles passaient à travers le bois de la porte.

— Il sont là, puisqu’il y a de la lumière, dit une première voix.

Une seconde répliqua :

— Je suis sûr d’avoir entraperçu la femme tout à l’heure au coin de l’entrée particulière du Grand-Départ ; elle avait l’air de se dissimuler dans l’ombre avec l’intention de moucharder, c’est bien sûr. L’homme est en bas, caché derrière le bois du laitier, sous la porte cochère.

— Alors, qui avons-nous ici ? ce n’est pas le vent qui a ouvert la fenêtre.

La seconde voix répondit encore :

— Je les connais à fond pour les avoir fréquentés tous les deux dans l’intimité dont tous mes bienfaits ont été récompensés par la plus noire ingratitude. La femme est une racaille d’ancienne artiste en foire, à barbe, colosse et l’art de se casser des cailloux sur le ventre. L’homme est pareillement un ancien domestique de pharmacien que j’avais pris chez moi comme valet de chambre. Il est commis chez l’Italien d’à côté, pour l’aider à fabriquer sa mort-aux-rats. Je parie ma fortune, qu’ils ont ramassé chez eux la brodeuse, le peintre et le vieil architecte de maçon. C’est dans leur caractère de se mélanger au fond de toutes les intrigues pour gagner leur vie.