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me montrait le passé pour m’apprendre l’avenir.

Au moment du retour, tout mon cœur s’élançait vers toi. Tu étais, tu es, tu seras ma vie tout entière. Mais je me disais : ai-je le droit d’aimer ?

Et quand je trouvai ta sereine amitié d’enfant au lieu de la tendresse que j’avais rêvée, je n’osai me plaindre.

Moi même, je fus froid, je me cachais pour souffrir. Comment exprimer cela ? Je ne croyais pas pourtant. Ma raison regimbait contre mon instinct. Mais mon instinct était le plus fort. Il me montrait ma destinée. Je faisais bien plus que croire : Je sentais. J’étais sûr.

Le voyage que nous fîmes auprès de notre père Vincent aux mines de Stolberg, m’apprit plusieurs choses. Il y avait dans le tableau, outre la victime et l’assassin, un troisième personnage : le Trésor.

Le Trésor apparaissait. Je vis le Trésor à travers la folie de Vincent Carpentier.

Et je ne m’étonnai point lorsque, au retour, tu reculas l’époque de notre mariage. J’avais croisé le cavalier Mora dans l’escalier. Je ne l’avais jamais vu jusqu’alors, mais je le reconnus.

Ma destinée gagnait du terrain sur moi. Nous étions réunis, les trois personnages du drame. Lui, Moi, le Trésor.