prisonniers. Il ne laisserait partir ni toi, — ni moi.
— Ne peux-tu combattre ?
— Si fait. Je veux combattre. Maintenant que tu m’as dit : Je t’aime, j’ai mon bonheur à défendre, et je le défendrai.
Irène lui tendit son front, songeant tout haut :
— Je devrais demander pardon, au lieu de faire des reproches ; mais pourquoi as-tu tardé si longtemps. Reynier, mon pauvre Reynier ? Tu savais ce que je ne savais pas. Ils ont voulu te tuer. Pourquoi n’es-tu pas revenu ? Pourquoi ne m’as-tu pas emportée dans tes bras comme une enfant trompée ?
— J’ai eu tort, répliqua laconiquement Reynier.
Il ajouta, presque aussitôt après :
— Chacun cherche à fuir sa destinée.
Les grands yeux d’Irène l’interrogeaient.
— Tu m’avais dit, poursuivit-il : « J’ai pour vous l’affection d’un frère. »
— Ce n’est pas cela qui est dans ta pensée, murmura la jeune fille.
— C’est vrai. Dans ma pensée il y a ces mots que tu viens de prononcer : « Comme il te ressemble ! »
Il y eut un silence. Tous deux étaient pâles. Irène prononça avec effort.