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Le jour de mon décès, je vidai le médaillon… Tiens. Minette, le voici.

Tout en bavardant, il avait tranché la toile du suaire. Ses doigts osseux tenaient le scapulaire qu’il tendit à Marguerite, en ajoutant :

— Et je fourrai dedans une petite chanson que j’ai toujours aimée : des vers plus populaires que ceux de Casimir Delavigne, certainement :

Quand les canes vont aux champs,
La première va devant…

Il eut son bon petit rire bienveillant et doucet.

La Marguerite était verte de colère.

Tous les coquins groupés derrière elle regardaient par-dessus son épaule le médaillon qu’elle venait d’ouvrir.

On ne pouvait pas lire l’écriture, mais tout le monde devinait la chanson.

Il y en eut qui ricanèrent.

Marguerite jeta le scapulaire et le foula aux pied.

— Je suis le Maître ! prononça-t-elle tout bas ; et, dans son accent, il y avait menace de mort. Le colonel Bozzo est là couché dans son cercueil. Notre loi condamne tout étranger qui s’introduit parmi nous pour surprendre nos secrets. Qui que vous soyez, vous m’appartenez !