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les têtes courbées, une mince et longue silhouette se dressa, sortant je ne sais d’où.

Il ne me fallut qu’un coup d’œil pour reconnaître ce maigre corps qui ballottait dans sa douillette : c’était le colonel Bozzo-Corona.

— Bonjour, Marguerite, dit-il, ma minette, bonjour, mon vieux Samuel, bonjour Capet, mon prince, bonjour Comayrol, Jaffret et les autres ! Ça va bien ? Tant mieux ! Moi aussi, merci. Un mignon temps pour se promener : ni pluie, ni vent, ni soleil. Voilà les ciseaux pour tailler la toile.

La comtesse voulut parler, mais ses dents claquèrent.

Le cercle s’était ouvert largement. Elle était seule auprès du cercueil, agenouillée et presque accroupie. Le colonel, isolé aussi, se tenait debout devant elle.

Un rayon de lune qui passait à travers les branches glissait sur son front. Il souriait paisiblement comme un bon père qui fait une surprise à sa famille.

— Quant à l’odeur, reprit-il, ça n’a rien d’étonnant, Samuel, ma poule. Tu sais bien que ce pauvre petit abbé Franceschi m’avait embaumé, la nuit de ma mort. Il en savait long, ce jeune homme, et vois, je suis aussi bien conservé là-dedans qu’une momie. Tu ne veux pas de mes ciseaux, bobonne ?

Ce qui dominait dans le cercle disjoint, et qui