Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Giovan-Battista ! murmura Vincent, Moi aussi, je l’ai reconnu. J’ai toute ma tête.

— Tant mieux pour vous, mon vieux, ça pourra vous servir. Vous avez une grosse maladie, c’est d’en savoir trop long, et vous auriez mieux fait de rester là-bas dans votre trou à charbon. Ce n’est pas d’hier, qu’on sait que le Père à tous est comme le Juif-Errant, et qu’il ne meurt jamais. Il est mort, pourtant. Gare dessous ! Des morts comme celui-là, j’en ai peur. Et son idée doit être que la serrure de sa caisse aura deux clés tant que vous ne serez pas en terre. Il est patient. Il a tourné autour de votre fillette pendant des mois et des années. L’innocente lui a servi à tendre le traquenard… et quant aux autres, les Compagnons du Trésor, c’est pas malin, ils veulent vous faire ce qu’ils ont fait cette nuit, à la tombe du colonel : vous éventrer, pour voir ce qu’il y a dedans vous.

Vincent secoua la tête avec gravité et dit :

— Vous parlez très sensément, bonne femme. Je pense tout à fait comme vous.

— Merci. Quoique ça ne vous aurait rien coûté de dire madame. Allons toujours. Je ne suis pas bien mince, mais je passe partout quand je veux…

— Il n’y a pas rusé comme elle ! glissa Échalot.

— On fait ce qu’on peut. J’ai écouté d’un côté, mouchardé de l’autre, et je me suis même laissé mo-