Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs yeux. Il regardait d’un air goguenard ceux qui soulevaient la pierre de sa propre tombe.

— Et alors qu’a-t-on trouvé dans la tombe ?

Ce fut le dernier mot entendu.

Mme Canada répéta, quand le bruit eut cessé :

— Oui, qu’a-t-on trouvé dans la tombe ? Un peu de cendre, probablement, avec du soufre et je ne sais quoi. Ça ne sert de rien d’enterrer les vampires.

— Moi aussi, murmura Vincent Carpentier, moi aussi je l’ai vu. Je suis sûr de l’avoir vu.

— Alors, causez, bonhomme, dit Échalot, qui le tenait toujours à bras-le-corps. On vous écoute.

Vincent ne répondit pas.

L’ancienne dompteuse, d’un geste tout viril, frotta une allumette chimique sous son soulier. La chandelle allumée montra le singulier intérieur que nous avons déjà décrit. Le lit conjugal n’était pas défait.

En revanche, on voyait dans l’auge qui servait de berceau au jeune Saladin, fils naturel de Similor, un paquet de lambeaux d’où sortait la petite figure pâlotte et rechignée du marmot endormi.

Ce fut de ce côté que le premier regard d’Échalot séjourna dès que la lumière fut faite.

Auprès de la dompteuse assise au coin de la cheminée Irène et Reynier se tenaient par la main.

Échalot venait de lâcher Vincent Carpentier, qui s’appuyait des deux mains à la table comme un homme épuisé de fatigue.