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— Tiens, tiens ! c’est toi, garçon ? bonsoir ! comment va ? Tu arrives bien, tu vas te charger de la petite. Elle a un coup de marteau, tu sais ? c’est une maladie de famille. Range-toi que je passe. J’ai mon ouvrage et je suis pressé.

Irène avait déjà ses deux bras autour du cou de Reynier et murmurait :

— Pardonne-moi, pardonne-moi, c’est vrai, j’ai été folle. Ne quitte pas le père. Il y a autour de nous un danger mortel !

La joie rend faible comme la douleur. Reynier chancela sous le baiser d’Irène.

— Je venais vous défendre, dit-il. Il ne se passe pas de nuits sans que je rôde autour de votre demeure, Irène. Aujourd’hui, j’ai vu, j’ai entendu…

— Bon, bon ! interrompit Vincent, nous en savons plus long que toi, garçon, J’aurais mieux aimé que tu ne fusses pas là-dedans, parce que… parce que… enfin n’importe. Ta bonne femme de mère fut malade chez nous, là-bas, quand nous étions en Italie. Ma pauvre sainte créature de femme lui avait appris à croire en Dieu. Dans sa fièvre, elle nous en contait de drôles ; et quand elle parlait de ton père, elle disait toujours « le démon ». Ça ne t’empêchera pas d’être un agneau. Embrasse-moi si tu veux, mais laisse-moi passer.

Irène dit :