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doux, si bon, si fier, si brave ! Reynier ! Reynier ! Le frère et le fiancé ! tout son cœur d’autrefois !

Y a-t-il des poisons pour le cœur, et peut-on verser à l’âme comme au corps le décevant sommeil de l’opium !

Ah ! si Reynier eût été là, comme elle aurait imploré son pardon !

Le pas de son père qui avait sonné franc dans le corridor, devint plus sourd au moment où il tournait l’angle du carré.

Irène, secouée par le besoin de prendre une détermination, fit un pas vers la porte.

En cet instant, la voix de Vincent s’éleva, sombre et menaçante.

Elle disait :

— Qui va là ? Je suis armé. J’ai un pistolet dans chaque main. Si vous barrez ma route, vous êtes mort !

Une autre voix répondit qui vibra jusqu’au fond du cœur d’Irène.

— Mon père est-ce vous ? où est-elle ?

La jeune fille s’élança folle de joie en criant :

— Reynier ! que Dieu soit béni ! Reynier ! Reynier ! mon Reynier !