Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce nom frappa Carpentier qui dit :

— Rue Thérèse ! un couvent ! Il n’y en avait pas de mon temps.

— On en a fait un dans l’ancienne maison du colonel.

Vincent frappa ses mains l’une contre l’autre, et s’écria en un véritable mouvement d’allégresse :

— À la bonne heure ! je vois clair ! Rien n’a changé. La même âme est toujours dans le même corps. Partons. Tu iras où tu voudras, fillette, je n’ai pas peur pour toi. S’il le fallait, ils te défendraient au prix de leur vie !… À leurs yeux, tu vaux des centaines de millions. D’ailleurs, j’ai mon ouvrage. C’est peut-être la dernière nuit.

Il écarta brusquement sa fille, mit le pistolet à la main et poussa la porte en ajustant :

— Je te défends de me suivre. C’est près de moi qu’il y a du danger. Moi, on me tue !

Il disparut dans le corridor. Irène restait frappée de stupeur.

L’épouvante qui lui serrait la poitrine ne se rapportait pas à elle-même.

D’instinct, et sans se rendre compte du travail de sa pensée, elle calculait le temps qu’il fallait pour descendre le chemin des Poiriers, tourner le boulevard et remonter la rue des Partants.

Les gens du cimetière devaient être en bas déjà pour barrer le passage à son père.