Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelqu’un dans la maison à qui tu puisses demander refuge ?

Irène secoua la tête.

— Je vis seule, répliqua-t-elle. Je ne parle jamais à personne… Alors, mon père, il faut se défier de Mme la comtesse de Clare comme du cavalier Mora ?

— Il faut se défier d’elle davantage.

— C’est sa mortelle ennemie, pourtant. Mon père, mon pauvre père, si vous saviez dans quelle horrible confusion ma pensée se noie ! Je sens que nous sommes au bord d’un abîme, mais je ne comprends rien, rien ! Je souffre le martyre.

Vincent dit froidement :

— C’est comme cela quand on devient fou. J’ai passé par là. Mais je ne suis plus fou. Je vois clair. Ils sont là, d’un côté, les Compagnons du Trésor qui cherchent et qui chercheront toujours, de l’autre, le démon qui s’est réfugié jusque dans la mort pour n’être pas assassiné. Seul contre mille le démon sera le plus fort.

— Voyez, fit Irène, voilà des hommes qui escaladent le mur du cimetière.

Vincent regarda et murmura :

— Qu’ont-ils trouvé dans le cercueil ?

— Ils seront ici dans quelques minutes, père.

— Et Mme la comtesse de Clare va être bien contente de revoir un vieil ami tel que moi, dit Vincent Carpentier, dont la tranquillité ne se démentait