Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vincent la suivit. Il appuya ses deux mains sur ses épaules et poursuivit, parlant avec peine, comme si l’ivresse eût épaissi sa langue :

— Combien veux-tu pour ta dot ? Car tu ne me verras plus quand j’aurai le Trésor. Je disparaîtrai. Je ne serai ni dans le ciel ni dans l’enfer. Je serai dans l’or. Combien veux-tu ? Je vais aller cette nuit, tout de suite ; je vais puiser à la source inépuisable, comme on emplit une coupe en la plongeant dans l’Océan. Combien veux-tu ?

— Mon père, dit Irène, on n’entend plus rien du côté du cimetière. Celui que vous appelez le démon va revenir.

Vincent frissonna de la tête aux pieds, comme si un réveil violent eût secoué son extase.

— C’est vrai, c’est vrai, fit-il, nous sommes chez lui, dans le piège même. Sortons. Conduis-moi dans ta chambre.

— Je ne peux pas vous conduire dans ma chambre, mon père.

— Pourquoi ?

En peu de mots et sans prononcer aucun nom, Irène raconta l’emprunt bizarre qu’une de ses nobles pratiques lui avait fait de son domicile.

Vincent était attentif, Irène continua ainsi :

— Je puis vous offrir un autre asile. Cette comtesse dont je vous parle vous est connue et c’est elle qui a recueilli Reynier, poursuivi par son ennemi,