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L’absence du cavalier n’était donc pas même une circonstance à sa décharge.

Il y avait chez Irène plus d’indignation encore que de frayeur. Elle essayait néanmoins de ne pas croire à ce tissu de choses invraisemblables qui l’enveloppait comme une évidence.

Tout était impossible dans ses aventures de cette nuit, et tout était certain, puisque son cœur et son esprit étaient d’accord pour douter, et que le doute vaincu fuyait à la fois son esprit et son cœur.

— Et comment es-tu ici, chez ce cavalier Mora ? demanda tout à coup Vincent ; tu le connais donc ?

Irène rougit, mais elle répondit :

— Je l’aimais, mon père.

C’est à peine si Vincent montra de la surprise. Sa pensée errante était ailleurs. Irène ajouta :

— Le cavalier Mora m’avait promis le mariage. Je le recevais chez moi. C’est la première fois que je viens chez lui et ce sera la dernière.

— Ah ! fit Vincent dont la tranquillité semblait plus étrange encore que son transport de tout à l’heure. C’est par toi qu’il a su ma retraite, alors ? On est souvent tué par ses enfants.

— Pardonnez-moi cette faute, mon père ; j’avais confiance en lui.

Carpentier secoua la tête et murmura :

— Je n’aurais jamais dû donner signe de vie, même à toi. C’est bien fait !