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— La lettre dit vrai.

— Tu as lu l’inscription ?

— En lettres d’or sur la table de marbre blanc.

Les traits de Vincent, mobiles comme ceux d’un enfant, s’éclairèrent.

— Que disais-je ? reprit-il.

— Vous parliez du jour fixé, pour répondre à mon observation sur l’absence du cavalier Mora.

— C’est cela. Pouvais-je attendre ? Quand j’ai lu cette ligne qui me semblait sortir de la lettre en caractères de feu, la ligne où il est parlé du monument funèbre de mon persécuteur, de mon assassin, j’ai pris ma course à travers les galeries de la mine en criant : « Il est mort ! il est mort ! » Ce n’était pas folie, ma fille. La mort de celui-là, c’est ma vie. Et qu’est-ce que ma vie ? La joie, l’ivresse, la volupté sans nom de voir encore une fois mon trésor !

— Est-il donc à vous, mon père ? demanda Irène.

Vincent Carpentier s’était redressé de toute sa hauteur. Sa face se colora violemment.

La passion lui redonna pour un instant l’apparence de la force et de la jeunesse.

— Ce fut un travail de géant, dit-il d’une voix profonde et pleine de mystérieuse emphase, un calcul terrible ! On ne croirait pas celui qui ferait l’histoire de mes recherches, de mes efforts, de mes terreurs, de mes dangers, de mon martyre. Le trésor