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phrase de la lettre fausse, Irène savait qu’elle était du cavalier Mora.

Les précautions apportées pour décevoir Vincent, loin de combattre la certitude d’Irène, étaient autant d’indices plaidant contre le cavalier.

Le raisonnement, ici, abondait dans le sens de l’impression première, toute instinctive et sentimentale.

On avait employé le propre papier d’Irène, on avait fait usage d’une de ses enveloppes, de sa cire et aussi de son cachet.

Un familier seul avait pu se procurer ces accessoires.

Quand Irène commença à lire sérieusement, c’est-à-dire pour chercher le sens du message, ce travail préliminaire était accompli, sa conviction était faite.

Voici quel était le contenu de cette lettre :

« Bon et cher père,

« Le malheur de ma vie est de te savoir enseveli au fond de cette tombe, dont la seule pensée me donne le frisson. Je suis faible et toute malade, sans cela j’aurais pris la diligence pour aller te chercher à Stolberg et te ramener avec moi. Depuis que je t’ai vu là bas, si triste et si changé, ton image est toujours devant mes yeux.