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rougir, dit Irène en se redressant involontairement.

— Tant mieux. Mais quel autre homme que Reynier peut laisser ses vêtements chez toi ? Voilà tout ce que je veux savoir.

— Je ne suis pas ici chez moi, mon père.

Le regard de Vincent prit une expression inquiète.

— Alors, murmura-t-il, tu m’as donc trompé ? car je suis bien sûr d’avoir suivi toutes les indications de ta lettre : je l’avais apprise par cœur.

Irène était elle-même terriblement émue. Elle sentait que sa prochaine parole allait faire surgir au-devant d’elle la preuve d’une noire infamie.

Vincent se disait :

— Ma tête est faible, c’est vrai, mais je n’ai pas rêvé cela. J’ai reçu la lettre de l’enfant, j’en suis sûr. Je l’ai relue cent fois en chemin. C’est par cette lettre que j’ai appris la mort du diable… Et quant à être de ton écriture, ajouta-t-il en s’adressant à Irène, tu vas voir !

En même temps, il fouillait les poches de sa veste, d’où il retira d’abord des pistolets et un couteau-poignard.

— Il faut bien être armé en voyage, balbutia-t-il en forme d’excuse. Les routes ne sont pas sûres…

— Tiens ! s’écria-t-il, la voilà ! regarde.

Irène prit la lettre qu’on lui tendait.