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— Est-ce que Reynier ne serait pas bon avec toi, par hasard ? demanda Vincent, qui fronça le sourcil.

— Il y a bien longtemps que je n’ai vu Reynier, mon père. Vous sauriez déjà cela, si vous m’aviez donné le temps de parler, car je veux dire la vérité tout entière : je ne suis pas mariée, comment aurais-je pu me marier sans votre bénédiction ?

— C’est juste, murmura Vincent. J’aurais dû penser cela.

— Jamais je n’épouserai Reynier, continua la jeune fille.

— Ah ! ah ! fit Vincent, qui devenait distrait : querelle d’amoureux…

Son regard revint aux habits d’homme qui étaient sur les meubles, et il ajouta :

— Je te connais : tu es la fille de ta mère : tu n’as pas pu te mal conduire. Il y a là quelque chose que je ne comprends pas. Explique-toi, mais fais vite. J’ai de l’ouvrage cette nuit, beaucoup d’ouvrage.

— Quel ouvrage pouvez-vous avoir mon bon père ? Vous êtes harassé de fatigue…

— Oui, grommela Vincent : harassé. Je ne vivrai pas vieux. Il faut des parents aux enfants ; on t’a élevée comme une demoiselle. Dis-moi tout. Et fais vite.

— Je n’ai rien à confesser qui puisse me faire