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— De qui parliez-vous donc, mon père, demanda Irène, en disant : « Il est mort. »

— Du démon, répondit Vincent, qui frissonna sous ses vêtements grossiers.

Car son costume ajoutait encore au changement terrible qui s’était opéré en sa personne. Aucun art de comédien n’aurait pu le déguiser ni le grimer comme avait fait le travail de son angoisse, aidé par sa livrée de misère.

Il portait les habits d’un paysan de la Prusse rhénane, d’un très pauvre paysan. Le drap de sa veste était usé, le cuir de ses souliers déchiré. Il avait une petite valise de toile sous le bras.

Il reprit en caressant d’une main tremblotante les blonds cheveux d’Irène :

— Ce n’est pas tout qu’il soit mort, je sais cela… Le autres restent : toute une meute d’assassins ! Mais ils n’ont pas le secret. Ils ne se doutent pas que sur le derrière de l’hôtel, du côté du jardin, — juste à l’endroit où j’avais piqué le point rouge sur mon plan, il n’y a entre l’air libre et la cachette que l’épaisseur d’une pierre diminuée de moitié. J’ai apporté mon pic avec moi, je l’ai caché en bas, derrière les planches, mon pic de mineur. Va ! j’aurai la force. Je connais l’endroit où il faut frapper pour crever le mur en trois coups…

— Ne le dis pas ! interrompit-il en baissant la voix ; ne le dis à personne, pas même à Reynier ! Te sou-