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Vous avez prononcé le nom de Reynier. Dieu soit loué, Reynier est vivant.

La mèche prit feu, éclairant à la fois la chambre et les deux personnages de cette scène. La chambre était celle d’un homme, il n’y avait pas à s’y méprendre. D’ailleurs, des vêtements d’homme étaient jetés ça et là sur les meubles. Vincent dit :

— Comme tu es pâle ! viens m’embrasser. Certes, certes, Reynier est vivant. Ce n’est pas de lui que je parlais. Je perds un peu la mémoire. Voici les habits de ton mari, et je ne me souviens plus d’avoir eu l’annonce de votre mariage.

La bougie, après avoir lancé sa première lueur, abaissait sa flamme jusqu’au ras de la cire et n’éclairait plus.

Irène avait eu le temps de voir les traits hâves et ravagés de Vincent, dont les cheveux tout blancs révoltaient leur désordre sur son crâne plombé par la fièvre.

Il avait vieilli de dix autres années dans les quelques mois écoulés depuis la visite d’Irène et de Reynier aux mines de Stolberg.

Parmi les tons gris et sinistres qui marquaient son visage et sous les deux touffes hérissées de ses sourcils, ses yeux agrandis brûlaient la folie.

Irène lui tendit son front. La flamme attaquait la cire, décidant le combat entre les ténèbres et la clarté.