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fille. Mais auparavant, mène-moi à une chaise, je suis bien las.

Irène le guida jusqu’au fauteuil qu’elle venait de quitter.

La lune brillait en ce moment, la chambre s’éclairait vaguement. Un bougeoir de cuivre posé sur la table se trahissait par une métallique étincelle. Irène l’aperçut, et tâta le tapis à l’entour. Sa main rencontra une boîte d’allumettes.

Pendant cela Vincent disait :

— Tu as bien fait de m’écrire, fillette, mais tu aurais dû m’écrire plus tôt. Pourquoi ne me parles-tu plus jamais de Reynier ? Dis moi : ce grand mur qui est sur le boulevard ici près, c’est le cimetière, n’est-ce pas ? C’est là qu’est sa sépulture ?… Eh bien ! voilà ce qui m’effraye. J’ai des visions. Tout à l’heure, sur le boulevard désert, j’ai cru le voir avec sa douillette serrée autour de son corps maigre, maigre… J’ai pris ma course et je suis encore tout hors d’haleine. J’aurais juré que c’était lui !

Irène écoutait sans l’interrompre. L’allumette frottée jeta une lueur.

— Ce ne peut être lui puisqu’il est mort, reprit Vincent Carpentier. Tu es bien sûre qu’il est mort, n’est-ce pas ?

— Qui donc, père ? demanda Irène dont la main tremblait en approchant l’allumette de la bougie.