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ce pas pénible lui semblait différent de l’allure leste et dégagée du bel Italien. Elle se dit :

— C’est le vieillard. Il demeure peut-être aux mansardes.

Mais celui qui montait ne prit pas la dernière volée, conduisant à l’étage supérieur. Il traversa le carré et s’engagea dans le corridor.

Irène ne respira plus. Son intelligence s’éveillait dans une angoisse nouvelle. Parfois les blessés ont ce pas lourd de la vieillesse. Y avait-il eu un malheur ?

Le nom de Julian vint à ses lèvres qui tremblaient. Une bataille se livrait, elle en avait l’instinct plus fort qu’une certitude. Était-ce Julian qui déjà revenait vaincu ?

Le pas hésitait sur les dalles du corridor. Il s’arrêta juste au-devant de la porte. Irène se leva, prête à s’élancer. Elle croyait ouïr le bruit de la clé dans la serrure.

On frappa. Irène retomba sur son siège. Ce n’était pas le cavalier Mora.

Dans son effroi, elle garda le silence.

Une voix faible et fatiguée marmotta :

— Est-ce que je me serais trompé de porte ? C’est pourtant bien l’étage. J’ai traversé le carré, j’ai pris le corridor à droite… elle est peut-être endormie.

Irène entendait tout cela. Son cœur battait. La sueur inondait ses tempes.