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Dans l’état d’ébranlement où était son esprit, cette rencontre bizarre fit naître en elle un doute et un espoir.

Elle se tâta mentalement, prise de l’idée que tout cela n’était qu’un rêve pénible.

Le vieillard passa tout auprès d’elle. Il ricanait à bas bruit, et sa gaieté sinistre sonnait sec comme les plis d’un parchemin qu’on froisse.

— Est-ce que je vous fais peur, jeunesse ? dit-il encore. Vous ne m’avez jamais rencontré. Il y en a qui sortent le jour. J’ai été jeune aussi, du temps de la mère de votre grand’mère. Que faut-il à mon âge ? un trou dans un vieux mur. Les hiboux et moi nous allons la nuit. Dormez bien, ma fillette. Il y en a, des morts et des vivants qui ne dormiront pas d’ici à demain matin, — et d’autres qui ne s’éveilleront plus jamais, hé hé hé hé, dites donc, j’ai encore le mot pour rire !

Le vieux glissa dans l’espace plus clair qui était au-delà de la voûte. Il serrait sa douillette autour de son corps grelottant.

Irène poursuivit son chemin plus troublée. Ses veines avaient froid. Elle ne pensait plus. Quand elle atteignit l’escalier du pavillon Gaillaud, elle se retourna avant de monter. Le vieillard avait disparu.

— Où donc demeure-t-il ? se demanda-t-elle. D’où vient-il ?