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et de grandeur lui apparaissait coupable comme un sacrilège.

Nous avons cru devoir donner au lecteur ces explications qui disent l’état moral d’Irène au début de son entrevue avec Marguerite. La victoire de cette dernière paraîtra plus naturelle, en ce sens qu’on aura touché au doigt les hésitations d’Irène, ses scrupules et son éducation déjà faite en matière de foi légendaire.

Elle était la fille d’un roman sombre et confus ; le premier rêve de sa jeunesse l’avait égarée dans la nuit d’un drame plein de terreur.

Les limites acceptées par la vraisemblance commune n’existaient pas pour elle.

On peut dire qu’après avoir quitté sa chambre, Irène arriva au bas de l’escalier par une série de mouvements rigoureusement mécaniques et sans avoir conscience de son acte.

Elle traversa les jardins qui séparaient le pavillon Gaillaud de la maison de rapport, en allant droit devant elle et d’un pas rapide.

On lui avait ordonné de joindre la voiture et d’y monter. Le premier travail de son intelligence fut de chercher dans sa mémoire la commission qu’on lui avait ordonné de faire au cocher.

Elle avait à la main un billet écrit par la comtesse Marguerite pour sa dame de compagnie. Ce memento matériel associa ses idées, elle dit :