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On avait tenu longtemps derrière le rideau le héros de l’épopée lui-même ; puis il était apparu entouré de tous les prestiges : grandeur déchue, valeur chevaleresque, combat de la faiblesse isolée contre toute une armée de forces, mystère, fatalité, espoirs vastes comme le monde.

Et ce même héros, car il y a dans tout lyrisme un revers comique, apportait, au lieu de papiers de famille, une preuve providentielle de son identité : sa ressemblance extraordinaire avec sa sœur la mère Marie-de-Grâce.

Nous savons comme Irène avait été subjuguée. Sa vieille affection pour Reynier combattait bien dans le fond de son âme, mais le résultat de ces batailles où le sens commun soutient le choc de la fantaisie n’est jamais douteux.

On a pu voir, cependant, que pour vaincre la résistance du bon sens dans le cœur d’Irène, il avait fallu employer un moyen, grossier en apparence, mais singulièrement adroit par le fait.

Échalot nous a détaillé ce « truc » enfantin de la lunette d’approche, dans toute sa naïveté : ne jugez jamais de trop haut les diplomaties vulgaires ; ce sont celles-là qui réussissent. À la longue, il est vrai, le cœur réagit, le bon sens essaye de parler : Irène, un jour, avait regardé au fond d’elle-même avec doute, avec angoisse.

Mais la pensée de mentir à son poème de malheur