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démontrait le présent. Vincent Carpentier et Reynier avaient échappé tous deux par miracle à des tentatives de meurtre.

Il n’y avait en réalité qu’un point difficile dans la plaidoirie de Marguerite : celui qui touchait à la personne du cavalier Mora.

Ici, deux fascinations étaient en présence. La comtesse avait dû s’attaquer à un sentiment, factice peut-être, mais profond, parce qu’il était né avec le premier rêve de la jeune fille.

Toute femme porte en elle l’élément que nous appellerons romanesque, faute d’un autre mot.

C’est là l’originalité, le charme, la poésie de la femme.

Elle est plus belle que l’homme, parce qu’elle met plus d’imagination dans son cœur et sans chercher d’autre adjectif pour cette condition d’être en quelque sorte sexuelle, on serait bien près du vrai en la nommant tout simplement : l’élément féminin.

Comme toute chose humaine, il est bon ou mauvais ; comme toute chose féminine, il peut être adorable ou détestable. Il mène au bonheur ou au malheur.

Une créature souverainement habile, la mère Marie-de-Grâce, avait troublé autrefois le cœur enfant d’Irène.

À la place d’un sentiment profond, mais calme, elle y avait glissé un poème.