Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa voix pénétrante, sous l’enchantement de son regard séduisant et loyal, Irène n’avait vu ni les lacunes de son récit, ni les réticences de ses aveux, ni même le côté invraisemblable et romanesque qui ressortait des motifs si vagues apportés par Marguerite pour expliquer son intervention.

Irène avait tout admis, jusqu’à cette ligue mystérieuse, instituée en dehors de tout droit légal, dépourvue de tout contrôle public, où des gens de bien imitaient les errements réservés aux associations de malfaiteurs et ressuscitaient en plein XIXe siècle l’audacieuse usurpation des francs-tribunaux du moyen-âge.

Le bon sens d’Irène ne s’était point révolté à cette fantasmagorie du Bien combattant le Mal avec ses propres armes et dans ses propres ténèbres.

Elle avait cru, comme on admet une nouveauté inconnue, mais plausible, à cette vigoureuse organisation, rayonnant de Paris sur la province et même sur l’étranger.

L’idée ne lui était même pas venue que cette concurrence privée, faite à l’administration d’État pouvait être difficile et peut-être impossible.

À vrai dire, elle n’avait pas abordé ce côté de la question. Tout lui était apparu comme cela devait être, au point de vue personnel et à travers la certitude trop évidente d’un danger de mort pesant sur ceux qui lui étaient chers.

Le danger sautait aux yeux. À cet égard, le passé