Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans nous, — sans moi, il aurait été poignardé dix fois déjà. Ne me remerciez pas, j’ai besoin de lui.

Et ne craignez pas : je réponds de lui si vous obéissez.

— J’obéirai, madame, murmura Irène. Ordonnez.

Elle passa le revers de sa main sur son front et ce geste disait le trouble plein de lassitude qui accablait sa pensée.

La comtesse prit dans sa poche un petit carnet de nacre dont elle déchira une page.

— Vous allez me quitter à l’instant même, dit-elle en traçant quelques mots au crayon. Préparez-vous. Ma voiture m’attend près de la porte cochère, dans la rue des Partants. Vous direz au cocher avant de monter : Je suis Mlle Irène, et cela suffira. La voiture vous conduira tout droit chez moi.

Irène avait jeté un châle sur ses épaules et nouait les rubans de son chapeau.

Elle n’hésitait point, mais ses mouvements avaient une lenteur automatique.

On eût dit une de ces somnambules qui agissent en dehors de leur propre intelligence et de leur propre volonté.

Marguerite lui tendit le papier qu’elle venait de plier.

— Ceci pour ma dame de compagnie, dit-elle ; car mon mari, M. le comte de Clare, est trop souffrant pour vous recevoir. Reynier ignore ma démar-