qui nous menace. J’ai beau me raidir et faire effort pour combattre la confiance que vous m’inspirez, cette confiance est la plus forte. Je vous crois. J’ai peur.
— Votre père, continua Marguerite, au lieu de répondre, parlait aussi de châtiment, de tribunaux…
— Il en parle encore, madame, la fièvre est passée, le mal n’est pas guéri.
Irène déplia elle-même la lettre pour la tendre à la comtesse, mais celle-ci la repoussa.
— Au contraire, prononça-t-elle lentement, vous vous trompez : le mal a augmenté depuis qu’il a écrit cette lettre, car elle ne vous annonce pas son arrivée.
— À Paris ! s’écria la jeune fille stupéfaite. Lui ! mon père !
Il y avait une douce et grave compassion sur le visage de Marguerite.
— Vous me demandiez tout à l’heure, dit-elle, quand je vous priais de me céder votre chambre, dans mon intérêt ou dans le vôtre, peut-être dans l’intérêt de toutes les deux, vous me demandiez : « Mais moi, où irai-je ? » Vous aurez le choix, mon enfant : vous irez auprès de votre fiancé ou auprès de votre père.
Comme Irène restait muette, la comtesse reprit encore :
— Votre père n’est pas fou ; il n’a jamais été fou.