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c’est une piste que j’offre à l’ennemi, et l’ennemi la suivra. »

— Nous étions seuls tous trois quand mon père dit cela, interrompit Irène, comment avez-vous pu le savoir ?

— Ses yeux ne pouvaient se détacher de Reynier, poursuivit Marguerite. Il dit encore : « Tu portes ton destin sur ton visage : tu le tueras. C’est la loi de ta race. Fais vite, avant qu’il me tue ! »

— C’est donc Reynier lui-même qui vous a informée ? demanda la jeune fille.

— Je ne vous cacherai rien, ma fille, je m’y engage, répliqua Marguerite, mais je ne puis vous dire tout à la fois. Ne perdez jamais de vue mon point de départ. C’est en m’occupant de vous, de vous seule, que je suis tombée sur les traces de ceux qui vous aiment. Tout ce qui précède est la réponse de l’oracle aux questions que je lui avais adressées : « Irène, sa vie, sa famille. » C’est vous qui m’avez fait retrouver Vincent et Reynier. Je ne les cherchais pas.

L’heure passe et il nous faut arriver à la conclusion de cette entrevue. Écoutez-moi désormais sans m’interrompre. Répondez seulement quand je vous interrogerai.

Nous nous entendons à demi déjà : Vous avez deviné que je suis ici dans un but de protection : non pas cette protection ordinaire exercée par une femme riche en faveur d’une jeune fille vivant de