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Des larmes coulaient sur les joues d’Irène. Elle balbutia dans un sanglot :

— Mon père ! mon pauvre cher père !

— C’était lui, en effet, poursuivit la comtesse Marguerite, c’était votre père, ce vieillard que vous n’aviez pas reconnu. Six mois écoulés pesaient sur sa tête comme le tiers d’un siècle. Il vous embrassa en pleurant, Reynier aussi tendrement que vous, car il vous aime tous deux du même amour. Et vous souvenez-vous du premier mot qui vous fit craindre pour sa raison ?

— Oui, répondit Irène à voix basse.

— Il vous dit : a J’ai vu le tableau s’animer, les personnages sont sortis de la toile. Le fils a encore tué le père… » Vous souvenez-vous de ces paroles ?

— Je m’en souviens.

— Et il ajouta : « Prends garde à la nonne d’Italie. Le démon n’a ni âge ni sexe. Prends garde à la mère Marie-de-Grâce… » Est-ce vrai ?

— C’est vrai.

— Vous n’aviez, ni Reynier ni vous, aucune idée du motif qui l’avait porté à quitter une position heureuse et brillante pour s’ensevelir vivant au fond d’une tombe. Reynier, pourtant, se souvint que Vincent regardait souvent un certain tableau, copié dans la galerie Biffi, à Rome. Ce tableau représentait une scène bizarre et terrible à la fois : un drame qui semblait toucher par de mystérieux côtés à l’aven-