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— À moins encore, continua Marguerite dont la main quitta la lettre pour désigner le portrait, qu’à certaine heure où vous regardiez l’original de cette miniature, Dieu n’ait mis dans vos yeux le don de distinguer la vérité du mensonge.

Les paupières d’Irène se baissèrent. Ce fut encore Marguerite qui reprit la parole la première.

— Un jour, dit-elle, voici déjà bien longtemps, votre bon cœur et les souvenirs de votre enfance prirent le dessus sur les irrésolutions qui vous troublaient, et vous consentîtes à donner votre main à Reynier. Ce jour-là vous reçûtes deux lettres dont je vais vous rappeler le sens, sinon les expressions exactes.

La première qui était d’une écriture inconnue disait à peu près ceci :

« Vincent Carpentier est mort. Sa tombe est à Stolberg-les-Mines, entre Liège et Aix-La-Chapelle, territoire neutre. Demander le no 103. »

— Ce n’est pas un à peu près, murmura Irène avec une profonde émotion. C’est la lettre elle-même.

— Tant mieux. Alors, c’est que ma mémoire me sert bien. La seconde lettre…

— Je ne l’ai jamais montrée à personne, madame ! s’écria Irène.

— La seconde lettre, poursuivit froidement la comtesse, si ma mémoire est également fidèle, ne contenait que ces mots : « Le cavalier Mora demande