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qui aidèrent le colonel à lancer Vincent Carpentier dans sa nouvelle carrière. Mais ce n’est pas de cela que je dois vous parler maintenant.

L’accent de la comtesse Marguerite prit une religieuse emphase, tandis qu’elle continuait :

— L’homme admirable dont les restes reposent sous ce marbre, avait fondé dans les hautes sphères de la vie parisienne, une association digne de son grand cœur, et qui n’est pas morte avec lui. Je ne peux pas dire que j’aie remplacé le colonel Bozzo, nul ne le remplacera jamais, mais du moins suis-je en ce moment le lien qui réunit les membres de la famille, dont il était le père.

— C’est une noble tâche, murmura Irène étonnée elle-même de la curiosité qui la prenait.

Marguerite sourit.

— On nous raille volontiers, dit-elle, et bien des gens prétendent que la charité n’est plus de notre temps. Nous laissons aller la moquerie, nous sommes forts, nous accomplissons avec des moyens bornés, des œuvres qui ont leur grandeur, et… mon Dieu, oui, chère enfant, nous avons cette singulière puissance de voir à l’intérieur des maisons les mieux fermées, comme si les murailles en étaient de verre. Il faut cela pour combattre le mal et pour faire le bien. Le Mal nous hait et nous calomnie, disant que nous sommes un danger social ; le Bien ne nous défend pas, j’entends le Bien mortel qui est sur la terre, et